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La forêt française représente 25,3 millions d’hectares, dont 17 millions dans l’hexagone (IGN 2022*). En métropole, les forêts monospécifiques (75 % du couvert représenté par une seule essence) couvrent 47 % de la surface.

Du côté des espèces, les forêts françaises accueillent 190 espèces d’arbres, 73 espèces de mammifères, 120 espèces d’oiseaux et 72 % de la flore métropolitaine** !

Mais la biodiversité est en péril et nous, forestiers, avons notre rôle à jouer. L’Office National de la Biodiversité estime que la France est le 6ème pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées***. Voyons comment agir à notre échelle :

 

Biodiversité ou Biodiversités ?

Avant de savoir comment agir, il est important de comprendre qu’il existe plusieurs niveaux de biodiversité. En effet, cette ‘‘diversité du vivant’’ s’applique au niveau :

      • des écosystèmes : il s’agit de la diversité des espaces ou des milieux et des interactions entre eux. Plus les milieux seront variés, plus les espèces présentes seront nombreuses
      • des espèces : chaque animal, plante, champignon, bactérie… se trouve catégorisé en ‘‘espèce’’, c’est à dire en groupes d’individus morphologiquement proches et pouvant se reproduire entre eux. Chacune vivant dans un ou plusieurs milieux et ayant son rôle dans la chaîne alimentaire
      • des individus : chaque être vivant (Être humain inclus) possède ses spécificités génétiques, liées à son héritage reproductif et lui permettant parfois de s’adapter, là où son voisin ne le peut pas, de résister à une maladie…

Protéger la Biodiversité nécessite donc de travailler sur ces trois échelles, pour être réellement efficace.

 

Des pratiques à éviter…

Le développement – ou a minima le maintien – de la Biodiversité en forêt nécessite parfois de modifier ses pratiques. Mais certaines sont surtout à éviter, voire à proscrire…

      • Installation ou transformation de peuplements en monocultures
      • Suppression du sous-étage, aussi utile en bourrage du peuplement, favorisant l’élagage naturel
      • Brûlage des rémanents, qui peuvent accueillir la micro-faune et protéger les futurs plants de la dent des ongulés
      • Évacuation des rémanents, qui retire son alimentation à tout un cortège d’espèces animales / mycicoles et qui appauvrit les sols
      • Circulation anarchique sur les parcelles avec des véhicules lourds ou sur des terrains humides, pouvant entraîner un tassement des sols et un manque d’oxygénation des racines

 

… et des pratiques à favoriser

Après les démarches à proscrire, voyons quelques conseils de pratiques à mettre activement en œuvre pour permettre le maintien de la biodiversité dans les parcelles forestières :

      • Favoriser les mélanges d’essences
      • Maintenir des peuplements le long des cours d’eau (ripisylves) et un couvert continu dans les espaces de circulation de la faune (trame verte)
      • Maintenir un maillage de peuplements d’âges et d’essences différentes pour créer une mosaïque de milieux
      • Limiter les coupes (dont coupes rases) à de petites surfaces et les répartir dans le temps et l’espace
      • Maintenir des espaces de vieillissement des peuplements (îlots de vieillissement, de sénescence) et des espaces sans gestion (îlots de biodiversité)
      • Éviter ou limiter la gestion et les modifications de peuplements dans les espaces riches en biodiversité (Natura 2000, ZNIEFF…)
      • Protéger les cours d’eau et éviter leur franchissement lors des interventions sylvicoles
      • Maintenir des arbres morts au sol et sur pied (préférer les gros bois pour une présence dans la durée) et maintenir des arbres à cavité
      • Maintien d’espaces annexes à la forêt : haies, murets de pierre, mares et plans d’eau, chaos rocheux, landes, prairies…
      • Maintenir des espaces ouverts et une arrivée de lumière au sol pour le développement de la flore et de la faune
      • Favoriser la régénération naturelle, plus variée génétiquement

‘‘Facile à dire, mais…’’

Les arguments pour ne pas agir peuvent parfois être nombreux et compréhensibles. Car toutes ces préconisations sont parfois difficiles à mettre en œuvre pour les néophytes, certaines ne sont pas adaptées à certains milieux… Rassurez-vous, il n’est nullement question ici de dire de tout faire, et encore moins tout en même temps. L’objectif est plutôt de recenser ce qui peut être fait et de laisser chacun s’imprégner des idées qu’il peut mettre en place, à son rythme. Car chaque goutte d’eau, aussi insignifiante soit-elle, compte dans ce combat qu’est la défense de la Biodiversité et de notre avenir à tous sur cette planète…

Il n’est pas non plus question de cesser toute exploitation forestière, car ne l’oublions pas, le bois reste aussi l’une des ressources alternatives indispensable pour lutter contre le changement climatique global. Il permet en effet de se chauffer (face au fioul ou au gaz), de bâtir (face au ciment et béton), de se meubler (face au plastique) … Il est donc important de concilier production de bois et respect de la Biodiversité, sans opposer ces deux concepts indispensables à notre société.

 

* https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2022.pdf

** https://agriculture.gouv.fr/infographie-la-foret-francaise 

*** https://www.ofb.gouv.fr/pourquoi-parler-de-biodiversite/la-biodiversite-en-danger 

Estimer le potentiel de Biodiversité dans sa forêt : voir l’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP) sur le site du CNPF.